L’ethnographie en ligne, une méthode qualitative pour étudier les pratiques numériques

Compte-rendu de la séance du séminaire “Questions de méthode” du 10 mars 2022. Réalisé par Mariage Ange (étudiant du parcours SCEN).

Coralie Le Caroff est maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Université de Paris et chercheuse au Centre de Recherche sur les Liens Sociaux (CERLIS). Coralie s’intéresse aux usages du numérique et plus particulièrement à la participation politique des individus en ligne, c’est autour de ce thème qu’elle est venue nous présenter une de ces méthodes de recherche : l’ethnographie en ligne.

Méthodologie

La présentation de Coralie Le Caroff était focalisée sur deux de ses terrains de recherche : le premier est son travail de thèse dans lequel elle a analyser les pratiques d’informations, de partages et de commentaires de l’actualité politique sur Facebook ; le second est un projet de recherche sur la réception des contenus « complotistes » sur ce même réseau.

Coralie nous a donc présenté le déroulement de ses deux travaux, les diverses méthodes qu’elle a utilisées, en faisant un focus sur sa méthode principale : l’ethnographie en ligne. Cette méthode est originale car elle permet une étude qualitative des pratiques numériques, qui est objet d’étude plus généralement approchée avec des méthodes quantitatives (scrapping de données, analyses computationnelles, etc.).

Elle nous a expliqué que la partie de sa recherche consacrée à l’ethnographie en ligne peut être envisagée comme l’immersion sur le temps long nécessaire à l’ethnographe « classique » pour s’immiscer dans le monde social qu’il ou elle étudie. Pendant cette période de terrain, la chercheuse explorait les profils de 35 partageurs d’actualité, 5 pages de médias numériques et 3 pages de médias qui partagent des contenus qui relèvent ou se rapprochent des « théories du complot ».

Son travail de recherche a été accompagné d’une méthode d’ethnographie plus « classique » avec une observation de la création d’une agence de productions journalistiques et artistiques, le « Labo 148 » et d’entretiens semi-directifs. Elle a effectué 70 entretiens au total, 35 avec des partageurs d’actualité sur Facebook, 15 commentateurs « complotistes » sur Facebook et 20 jeunes engagés dans le dispositif EMI (Education aux médias et à l’information) de Roubaix.

Résultats d’enquête

A l’issue de ces travaux, Coralie Le Caroff remarque que les partageurs d’actualité qui sont critiques des médias, ont tendance à n’émettre que très peu de critique similaire envers les algorithmes des plateformes numériques comme Facebook. Généralement, ce désintérêt pour le fonctionnement des algorithmes n’est pas choisi mais provient d’une méconnaissance du fonctionnement réel de ce type d’outils techniques.

Finalement, à la suite des analyses de son temps d’observation en ligne, Coralie Le Caroff distingue trois profils de partageurs d’actualité sur Facebook. Le premier profil, qu’elle nomme les « visibles », regroupe ceux qui partagent de manière intensive de nombreuses publications, généralement de sources diversifiées et se distinguent généralement par un haut capital social. Les « centrés » partagent également de nombreuses publications, mais avec des contenus de publications qui sont orientés par des thèmes ou une orientation politique commune. La chercheuse distingue finalement un dernier groupe, les « occasionnels » qui participent plus rarement au partage d’actualité, en sélectionnant des articles de fond et des sources « légitimes », ces enquêtés possèdent généralement un capital culturel élevé.



Citer ce billet
Julien Bertrand (2022, 15 mai). L’ethnographie en ligne, une méthode qualitative pour étudier les pratiques numériques. SocioGre. Consulté le 28 mars 2024, à l’adresse https://doi.org/10.58079/ub8o

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